Kristen Stewart, la rebelle

À 24 ans, elle a déjà connu l'ultra-célébrité d'une star de blockbusters. Vécu ses premières amours sous les flashes des paparazzis. Et découvert le sort que Hollywood réserve à ceux qui n'en font qu'à leur tête. Après deux ans de silence médiatique, l'actrice boudeuse revient - forcément - là où on ne l'attendait pas, dans un film du français Olivier Assayas, et saisit l'occasion pour discuter avec INGRID SISCHY des troublantes similitudes entre cette fiction et sa réalité.
Kristen Stewart  the rebel
Sebastian Kim

Combien de gosses peuvent se vanter d'avoir eu des chiens-loups comme animaux de compagnie ? C'est le cas de Kristen Stewart, prémonition presque inquiétante pour celle qui devait être, dans la série des cinq Twilight, Bella Swan, l'ado ringarde mais romantique, la risée du lycée dont tombe amoureux un vampire bodybuildé dont le meilleur ami se transforme, à l’occasion, en loup-garou...

Les actrices qui ont le courage de casser le moule hollywoodien ne poussent pas sur les arbres aux États-Unis. Quand on a la chance d’en croiser, mieux vaut se jeter dessus. En particulier quand cette actrice a grandi à Los Angeles, entre deux parents forçats de l’industrie du cinéma et de la télévision – car c’est ainsi que Kristen Stewart a atterri sur le grand écran. Ce n’est pas une gosse de riches protégée par le cocon de la célébrité et/ou de la fortune claque­murée dans un manoir de Beverly Hills entouré de haies taillées à la perfection. L’enfance de Kristen Stewart, dans la nettement moins ­glamour San ­Fernando Valley, a été tout le contraire. Ses parents, Jules ­Mann-Stewart et John Stewart, étaient des employés, par des vedettes. Et ils étaient bien placés pour savoir à quel point les stars peuvent vous pourrir la vie.

Quand leur fille Kristen, qui s’habillait exactement comme son frère Cameron, c’est-à-dire comme un garçon, c’est-à-dire en survêtement, même en classe, a voulu passer des auditions, sa mère l’a prévenue : « Je bosse avec ces gamins – ils sont dingues. Tu n’es pas comme eux. » Mais comme elle ne cessera de le faire par la suite, Kristen s’est accrochée à son rêve, et, à 11 ans, elle a décroché le rôle de la fille de Jodie Foster dans Panic Room, le thriller de David Fincher. Un casting inspiré. Stewart ne fait pas semblant d’être mignonne, c’est plutôt le genre de petite qu’on peut embarquer dans une mission dangereuse. J’ai parlé de Kristen avec Jodie Foster – qui a elle-même survécu aux pièges d’une célébrité précoce – il y a quelques années, et elle l’a définie avec ces quelques mots : « Kristen n’a pas la personnalité habituelle d’une actrice. Elle ne veut pas danser sur la table de mémé avec un abat-jour sur la tête. »

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Dire que les Twilight ont été des cash-machines est un euphémisme [400 millions de dollars de recettes dans le monde entier rien que pour le premier volet]. Il n’empêche que ces films craignaient. Mais Stewart ne les a jamais méprisés, pas plus que les millions d’admirateurs des livres. Ça aurait été si facile pour une hipster comme elle. Mais Robert Pattinson – son amoureux à la ville comme à la scène à l’époque – et elle semblaient avoir un vrai respect pour les fans de Twilight. Et l’un envers l’autre, aussi.

Du coup, quand ont été publiées les photos de Stewart en train d’embrasser Rupert Sanders, le réalisateur (marié à l’époque) de Blanche-Neige et le Chasseur, à bouche que veux-tu, ça a été toute une histoire. Contrairement à la France, l’Amérique n’hésite jamais à monter sur les grands chevaux de la moralité, mais c’est allé plus loin que ça. Le public a été déçu. Et je crois que le plus intéressant, c’est que Stewart elle-même était la plus déçue. Personne n’aurait imaginé la retrouver dans une situation aussi affligeante de banalité. Mais la vérité, c’est que c’est précisément cette humanité de chair et de sang qui distingue Stewart de cette cohorte d’actrices faussement guillerettes et incroyablement refaites qui encombrent les pages des magazines. Même si Sur la route, l’adaptation du roman de Kerouac à laquelle elle tenait beaucoup, est sorti aux États-Unis à peu près au même moment, elle a plus moins disparu des radars depuis. Dans l’interview que vous allez lire, elle se souvient : « Je suis descendue de cette vague géante et je me suis dit que j’allais me mettre un peu à l’abri. Que je reviendrais plus tard. »

Le moment est venu. Avec pas moins de cinq films déjà tournés qui sortiront au cours de l’année, à commencer par Sils Maria, la méditation maligne d’Olivier Assayas sur l’industrie du cinéma et l’ultramoderne célébrité, l’actrice a été très occupée. Dans le film ­d’Assayas, elle prouve qu’elle sait rire d’elle-même. Le fait que le film soit français n’est pas un hasard. Comme bien des Américains avant elle – de Gertrude Stein à James Baldwin en passant par Nina Simone, qui ont choisi la France pour trouver la voie de la liberté –, Stewart a retrouvé la sienne de l’autre côté de l’Atlantique. À ce propos, vous remarquerez peut-être quelque chose de différent dans cet article : il s’agit d’une interview, dans la tradition de celles de Playboy, ou des conversations qui amusaient tant Andy Warhol quand il a lancé le magazine Interview et qu’il voulait « tout tenir de la bouche du cheval », comme il disait. C’est comme ça que j’ai rencontré Kristen Stewart la première fois, elle avait à peine 12 ans, elle débutait tout juste et j’étais rédactrice en chef d’Interview. Je me souviens avoir pensé : « Cette gamine a vraiment des choses à dire. » Ça n’a pas changé. Et bien que l’interview ne fasse pas partie des formes utilisées par Vanity Fair France, les règles sont faites pour être enfreintes. Kristen Stewart est une vraie rebelle. Pour décrire sa rébellion, elle emploie une image que je trouve marrante : « Je mets mes gants de boxe avec “non” écrit dessus. » Donc nous avons enfreint la règle, nous avons enfilé nos gants avec “oui” marqué dessus, et nous sommes montées sur le ring pour croiser le fer, rire et parler.

BILL JOHNSON

Face cachée - « J'adore lire des interviews de gens qui m'intéressent. Tu peux pas tricher. » / photographe : Sebastian Kim

Kristen Stewart : Quoi de neuf ?

Vanity Fair : Toi d’abord ! Je sais à quel point tu aimes les questions « red carpet ». Qu’est-ce que tu portes pour cette interview ?
Je ne suis plus en pyjama. Je suis fière de moi. Quelle heure il est, midi ?

C’est l’heure de parler ! Tu sais que nous avons levé notre fatwa contre les interviews rien que pour toi ?
Cool. J’adore lire les interviews de gens qui m’intéressent. Quand ils jouent le jeu. Tu peux pas tricher. Je sais que tu aimes ça ! Vas-y, c’est ton truc.

On ne t’a pas beaucoup vue ces deux dernières années. Mais tu vas faire pas mal de bruit avec tous ces films à venir. J’ai vu le premier hier, Sils Maria d’Olivier Assayas. Franchement, je ne pensais pas que ça me plairait à ce point. Je pensais m’ennuyer. Et c’est tout le contraire, je suis emballée. C’est une vraie réflexion sur l’Art qui imite la Vie qui imite l’Art qui imite la Vie. Parfois, je me suis même demandée si tu avais inspiré le scénario.
C’est assez dingue. Parfois, il faut aller chercher le personnage vraiment loin. Celui-là était sur mes genoux, je me suis beaucoup amusée à le jouer.

Il y a aussi un aspect « Amérique contre Europe » dans le film. Le passé contre le présent. Les valeurs du Vieux Monde contre le Nouveau Monde digital, où tout finit sur Twitter, Instagram... Mais c’est la manière dont le film reflète la vraie vie qui est fascinante. Qu’est-ce que tu en as pensé quand tu as lu le scénario ?
J’étais terrorisée à l’idée de ne pas avoir le rôle, parce qu’Olivier l’avait déjà ré-attribué à quelqu’un d’autre. Mais il n’était même pas question que je n’aie pas ce rôle. Heureusement, les planètes se sont alignées.

C’est drôle, parce que le rôle de la jeune actrice rebelle [joué par Chloë Moretz] semblait fait pour toi, mais pour peu qu’on te connaisse vraiment, le personnage de l’assistante bosseuse que tu incarnes te semble tout destiné. Est-ce que ça s’est tout de suite bien passé avec Olivier ­Assayas ?
On s’est d’abord vus dans un restaurant à Paris. C’est la première fois qu’il évoquait le projet, pas tout à fait en silence parce que le peu qu’il dit est plein de sens. Mais on n’a pas beaucoup parlé. On est restés comme ça, assis, et je me suis tout de suite faite à l’idée qu’on allait travailler ensemble sur ce film. On a échangé quelques mots et c’était parti.

Parle-moi de ton personnage...
Je joue Valentine, l’assistante personnelle de Maria Enders, une actrice célèbre [interprétée par Juliette Binoche]. Dans le film, ces deux femmes en sont à une étape radicalement différente dans leur vie. Leurs points de vue sont opposés, pourtant elles sont quasi semblables et elles ont beaucoup à partager. En même temps, tout ce qui les rapproche les divise. C’est ce putain de truc émotionnel sur lequel elles ne peuvent pas mettre le doigt. Elles ne sont pas amies. Elles ne sont pas collègues. Elles ne sont pas amantes. Elles ne sont pas mère et fille. Elles sont tout ça à la fois et c’est super bizarre. C’est pour ça que je voulais ce rôle. Je suis sa partenaire dans tous les sens du terme.

Tout ce truc d’assistante personnelle, c’est un champ de mines en puissance. Toi-même, tu as pu observer les relations entre les stars et leurs assistantes ?
En tant qu’acteur, on a tendance à se retrouver isolé, on est sur ses gardes et ça limite les échanges. Il me semble normal qu’on engage des amis ou des gens pour nous soutenir. Mais la frontière peut être vraiment floue, parce qu’ils bossent pour toi. Tu les emploies, mais ce sont aussi tes amis et tes partenaires créatifs. Après, tu peux devenir dépendant et obsessionnel. C’est une relation vraiment déséquilibrée et malsaine, tout à fait unique et assez fréquente. Je connais ça par cœur.

Juliette Binoche et toi y allez vraiment à fond, et le film montre bien la complication de cette relation entre les gens célèbres et leurs assistants. Parce qu’il n’y a pas de limites claires. Le show-business est un véritable bouillon de culture pour ce genre de situation, parce que c’est souvent 24 heures sur 24, loin de la maison, de la famille et des amis.
C’est intéressant parce qu’il faut qu’une certaine personne ait envie de se mettre au service d’une autre. Et quand les lignes sont brouillées, tu peux sentir qu’on s’est servi de toi, ou que tu t’es laissé avoir trop facilement. Dans le film, Valentine arrive au point de rupture. Le fait qu’on ne sache rien de sa vie m’a plu.

Parce que le narcissisme inhérent à cette relation fait qu’on sait tout de l’actrice célèbre et rien de l’assistante anonyme ?
Exactement. C’était voulu. On souhaitait vraiment que ça se passe comme ça.. Je voulais juste lâcher quelques indices sans donner suite, comme les tatouages par exemple. Elle vient de quelque part, mais on ne sait pas d’où. Elle a des centres d’intérêt, mais on ne les connaît pas.

BILL JOHNSON

Punk couture - « Les filles de chez Chanel cherchaient quelqu'un pour représenter la collection Métiers d'Arts. Elles m'ont dit : "Meuf, pourquoi pas toi ?" » / photographe : Sebastian Kim

Et sinon, ça fait comment de jouer avec Juliette Binoche ? Tu étais intimidée ? Excitée ? Rien de tout ça ?
J’étais au-delà du stress à l’idée de la rencontrer la première fois. Elle a cette capacité affolante à te pousser, à révéler des choses de toi que tu ne soupçonnais même pas. Elle ressemble à ce que j’avais imaginé, une sorte de putain de penseuse excentrique, ouverte, un peu perchée. Genre Juliette Binoche, quoi. [Soudain on entend des chiens aboyer.] Qu’est-ce qui se passe, les gars ?

Noms ?
Bear, Bernie et Cole. Ma véritable sécurité, c’est eux.

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Est-ce que tu viens bien d’employer l’adjectif « perchée » à propos de Juliette Binoche à l’instant ?
Ouais. Je ne crois pas que ce soit totalement lié au fait qu’elle est européenne, parce que ça serait diminuer l’immense mérite qu’elle a, mais elle est pile comme je voulais qu’elle soit. Au lieu de dire : « Putain, je crève la dalle », qui est ce que je dirais, elle te sort : « Je ressens au plus profond de moi ce besoin de me nourrir, au plus profond de mon... » Tu vois ce que je veux dire ? Elle ne peut pas prononcer une phrase aussi simple que « j’ai faim ». Elle n’a pas faim. Elle éprouve un besoin profond.

Parlons de ta soif de bosser avec des poids lourds. Dès le départ, tu as travaillé avec des réalisateurs et des acteurs qui comptent, tu avais à peine 11 ans quand tu as tourné avec Jodie Foster dans Panic Room (2002), 16 ans quand Sean Penn t’a dirigée dans Into the Wild (2007) et 21 quand tu as fait Sur la route de Walter Salles (2012)... Au début, on peut penser que c’est la chance, mais on voit bien qu’il y a une vraie ligne directrice et que ces choses-là n’arrivent pas par accident. Même dans les Twilight*, ton partenaire Robert Pattinson était un acteur déjà établi, et plein d’histoires circulent sur le fait que vous avez tous les deux lutté contre le studio pour garder au maximum une part de risque, de mélancolie, d’émotion et d’authenticité dans l’histoire. On dirait que tu fais attention à bien choisir tes ennemis.*
Oh oui. Tout à fait. Je ne suis pas le genre d’actrice qui peut jouer sans miroir. Tout le monde sait qu’on est bien meilleur avec des acteurs qui sont vraiment là, avec qui tu peux partager, et selon que ça marche ou pas, cela me forge ou me détruit. Si je dois bosser avec quelqu’un qui ne me fait pas vibrer, ou avec qui je dois faire semblant, c’est triste et je joue mal.

Ça t’est déjà arrivé ?
Absolument. J’ai pas totalement merdé, mais j’ai dû me forcer. Il fallait que je me dise : « Dieu merci, on n’a que quelques scènes ensemble. » Comme tu l’as dit, j’ai eu beaucoup de chance et eu beaucoup plus de bonnes expériences que de moins euphoriques, mais oui, je connais la différence. Putain, quand c’est bon, c’est comme une drogue.

Qu’est-ce que tu fais quand c’est mauvais ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
C’est inconfortable. Ça prend plusieurs jours, ou plusieurs scènes. Au début, tu te dis qu’on n’a pas trouvé le bon rythme. Mais une fois que tu t’es épuisée à essayer de le trouver, tu te mets en mode défaut et tu fais de la merde. C’est pas drôle. Et c’est pas bon. Quand je revois ces scènes, je fais beurk. J’aime pas voir ça.

Ça me rappelle ce qu’Elizabeth Taylor m’a dit un jour. J’ai eu la chance de l’interviewer à plusieurs reprises juste avant sa mort. On parlait de Butterfield 8 (1960), un film pour lequel elle a reçu l’oscar de la meilleure actrice, elle a dit un truc du genre : « Je pensais que ce réalisateur était un tel crétin, et je le détestais tellement qu’on a fini par ne plus se parler et je me suis dirigée moi-même. » Dingue, non ?
Genre, wow. Ça en dit tellement long. C’est dingue que ça se passe comme ça sur un tournage et que nous, le public, on n’y voie que du feu.

Elizabeth était encore tellement incontrôlable. Les actrices ­d’aujourd’hui sont des monuments de calme à côté d’elle. À cause d’Internet, le scandale a perdu tout glamour. Dans Sils Maria*, vous faites tous face à ça. En fait, tu défends la jeune actrice dont la vie est une catastrophe que les gens ne peuvent s’empêcher de regarder, comme un accident de voiture. Raconte-nous ce personnage joué par Chloë Moretz.*
Chloë joue une jeune actrice, Jo-Ann Elis, au bord de quelque chose d’immense et aussi en plein milieu d’un scandale. Elle incarne une fraîcheur, un désir et un courage un peu naïfs qui attirent vraiment les gens. Il y a dans le personnage de Chloë quelque chose de cru, une honnêteté juvénile. C’est une jeune fille avec un point de vue différent.

BILL JOHNSON

Dans la lumière : « La célébrité, pas de problème pour en parler avec légèreté. Pourtant, techniquement, ça a un impact sur ta vie. » / photographe : Sebastian Kim

Ce rôle n’est peut-être pas basé sur une personne en particulier, mais il ressemble à une sorte de portrait du présent. Ce personnage pourrait être la synthèse de toutes ces jeunes actrices américaines qui se retrouvent dans l’œil du cyclone médiatique pour toutes sortes de raisons. Un des temps forts du film, c’est quand tu voles à son secours. Tu dis un truc du genre : « Elle est jeune, mais au moins elle a assez de courage pour être elle-même. À son âge, c’est plutôt courageux. Par les temps qui courent, putain, c’est cool. Là, tout de suite, c’est mon actrice préférée. » Moi qui suis américaine et qui ai suivi tout ce qui t’est arrivé ces dernières années, je ne peux pas m’empêcher de penser que, d’une certaine manière, ce dialogue qu’Assayas t’a donné décrit ta carrière. Pas de façon suffisante et égocentrique, mais comme un clin d’œil adressé au public. Je veux dire, combien de fois on a entendu dire « Oh, Kristen Stewart ne sourit jamais », ou « Kristen Stewart fait la tronche tout le temps ». Ça m’a fait rire de voir ces mots sortir de ta bouche. Je les ai tellement entendus à ton propos !
Je dois bien avouer qu’il y a quelques passages où j’étais obligée de calmer ma joie d’avoir à prononcer ces mots. En fait, Olivier ne les a pas écrits pour moi. Mais c’était comme si la force du destin me poussait à jouer ce rôle. J’ai réagi à cette matière de façon un peu plus familière qu’il aurait fallu, mais c’est comme ça. C’est dingue. C’est une coïncidence bizarre et drôle.

Ce qui nous ramène non seulement aux rumeurs, qui ont toujours fait partie du star-system, mais aussi à l’impact d’Internet, des sites people, des blogueurs, de Twitter, les millions de plumitifs autoproclamés, du World Wide Web, quoi. Le film montre ce qui se passe quand tous ces dispositifs s’emmêlent, quand la jeune actrice se pointe dans un restaurant avec un écrivain marié et que toi, l’assistante personnelle qui en connaît un rayon, tu prédis que « quand ça se saura, ça sera un tsunami ».
Le mieux c’est quand le personnage de Juliette dit : « Ah ouais, sur quelle planète ? » Et que je réponds : « Cette planète a un nom, ça s’appelle la vraie vie. » Ça m’a fait du bien. Les gens disent que tout ça n’a aucune importance, c’est facile à dire.

C’est irrésistible...
Personne n’a envie d’entendre quelqu’un comme moi rabâcher à quel point c’est difficile.

Tu veux dire rabâcher à quel point la célébrité est dure à vivre ?
Oui, voilà.

Oui, c’est vraiment pénible d’écouter les jérémiades à ce sujet. C’est pour ça que les gens deviennent dingues quand Gwyneth Paltrow raconte à quel point c’est difficile de concilier son boulot et la maternité, parce que ça l’oblige à emmener ses gosses sur les tournages. Pas évident de la plaindre quand on compare sa vie et celles de la plupart des mères qui bossent.
Je sais bien. Crois-moi. Pas de problème pour en parler avec légèreté. Que les gens disent que ça n’a pas d’importance, que ça n’a rien à voir avec la réalité, tout ça me va. Je suis bien d’accord pour trouver que tous ces trucs des médias, quand tu es pris dedans, ça ne devrait pas te toucher physiquement ni t’affecter et tout ça. Pourtant, techniquement, ça a un impact sur ta vie. Comme dans un rêve. Mais dans l’esprit des autres, c’est juste débile et c’est comme ça que ça devrait être perçu.

Tu as toi-même été de l’autre côté du tsunami à plusieurs reprises. Je me souviens que la dernière fois que je t’ai interviewée, on était à Paris, chez Le Duc. Quand on a ouvert la porte du restaurant pour repartir, merde alors. On était au comble de la folie Twilight*, juste avant la sortie du 5e film, et un nombre incroyable de paparazzis étaient postés là. On est rentrées illico dans le restaurant. Ils étaient toujours là quelques heures plus tard. C’est comme une grosse vague qui s’abat sur toi. Et puis tu as aussi connu le moment où la rumeur te tombe dessus. Quand sont sorties ces photos [avec Rupert Sanders, le réalisateur de* Blanche-Neige et le Chasseur*], ça a été la folie. Donc tu es bien placée pour savoir que ça touche vraiment.*
Oui, c’est vrai. Je suis bien obligée d’entretenir des rapports avec les médias parce que personne ne m’a forcée à devenir actrice. Mais il serait fou de nier que ce démon-là est différent, personne ne pourrait signer pour vivre ça.

C’est une bête qui n’a pas le même visage que celle de l’époque, disons les années 1930 ou 1940, quand les studios contrôlaient la presse.
Je ne me suis jamais fixé de plan de carrière. Je n’ai jamais essayé d’influencer l’opinion que les gens ont de moi, ce que plein d’autres font. Il y a certains artistes, certains acteurs, qui font tout pour coller à une image d’un certain type d’acteur ou d’artiste, et je ne suis vraiment pas comme ça. J’ai vécu à peu près toutes les situations, toutes les expériences plus ou moins créatives, à l’instinct. Du coup, je ne peux me laisser bouffer par le regret.

Dans ce que les gens prennent de toi et retiennent pour se forger une opinion à ton sujet, rien n’est jamais totalement faux. C’est une sorte d’assortiment de saveurs qu’ils ont chopées dans les kiosques, les salles de cinéma ou sur Internet. Ça n’est pas moi qui ai fabriqué ce mélange et ça ne me gêne pas plus que ça. Mais je ne veux pas en rajouter à ce tas de merde qui existe à mon corps défendant et qui n’a rien à voir avec la réalité. Se retrouver au milieu de tout ça est déjà suffisamment bizarre pour que je n’aie pas en plus à faire de commentaires. Mais étrangement, je me sens assez capable de m’en extirper et de dire : « C’est pas un peu trop évident ? » Je veux dire, c’est « marrant », comme dit Valentine dans Sils Maria, les histoires sont marrantes, mais vous savez que tout ça, c’est des gens qui jouent des rôles fabriqués par les médias et les gens ont besoin de leur ration de ragots hebdomadaire. Ce n’est rien de plus que du soap-opera. J’essaie de faire en sorte que ça ne m’atteigne pas, de préserver ma vraie vie. Les gens ont beau penser qu’ils savent tout, mais, bordel, qui connaît la vérité ? Personne. Tu vas mourir. Tu seras allongée à côté de la personne que tu connais le mieux au monde, la personne avec qui tu vieilliras. Et tu seras à côté de cette personne au milieu de la nuit et tu te poseras plein de questions parce que, bordel, personne ne connaît jamais la putain de vérité.

BILL JOHNSON

Run Away - « Après Twilight, je n'ai pas voulu courir après le prochain blockbuster. J'avais besoin de temps pour moi. De rester à la maison entourée de mon propre bordel, de jouer de la guitare et d'écrire. » / photographe : Sebastian Kim

Ce que tu viens de dire me rappelle un passage de Pastorale américaine de Philip Roth. Le sujet, c’est « les autres ». Il écrit : « On se trompe avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux ; on se trompe quand on est avec eux ; et puis quand on rentre chez soi, et qu’on raconte la rencontre à quelqu’un d’autre, on se trompe de nouveau. (...) Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie, c’est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C’est même comme ça qu’on sait qu’on est vivant : on se trompe. Peut-être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer rien que pour la balade. » Mais revenons au moment où tu as passé tes premières auditions, enfant, avec ta mère. Je me souviens que tu m’as raconté, il y a quelques années, que les gens qui te faisaient passer les tests pour des pubs essayaient de te rendre toute souriante et que ça te paraissait très surjoué. Ou bien qu’ils se plaignaient de tes airs de garçon manqué. En quoi penses-tu que ces premières expériences t’ont formée ?
J’attribue mes débuts à ma capacité à faire ce boulot. Cela demande d’être à l’aise malgré une attention démesurée. Si je n’avais pas commencé si jeune, je ne crois pas que j’aurais pu le faire par la suite. Ça n’est pas trop mon genre de rester debout au milieu d’une pièce. Mais je voulais vraiment être actrice et je voulais tourner dans des films. Je voulais prendre exemple sur mes parents.

Ils étaient dans le cinéma, c’est ça ? Ta mère était scripte et ton père régisseur, ils t’emmenaient parfois sur les tournages, si je me souviens bien.
Je les regardais et je me disais qu’ils faisaient le truc le plus cool qu’on puisse faire de sa vie. Et comme je n’entrais pas dans le moule de l’enfant star, que je ne voulais pas être célèbre ni satisfaire le grand public, j’ai été castée par une jeune réalisatrice incroyable, Rose Troche, dans le film The Safety of Objects, exactement pour ce que j’étais, un garçon manqué. On pouvait à peine me distinguer de mon frère.

Enfant, j’étais assez sûre de moi, mais à l’école, quand tu n’es pas acceptée comme une fille censée ressembler à une fille, c’est difficile. Je détestais qu’on me dise : « Euuuuh tu sais, tu ressembles pas vraiment à... » On me traitait de mec et tout ça. Un bref instant, ça m’a vraiment touchée. Puis ça s’est arrêté parce que quand j’ai commencé à travailler, je n’étais plus du tout considérée comme bizarre. J’étais cool. Je me plaisais. Je trouvais que j’avais vraiment de la chance d’avoir connu ce milieu enfant, parce que, pour peu que tu sois sur le bon chemin, c’est le milieu le plus ouvert et le plus accueillant que je connaisse. C’est un champ magnétique qui attire les personnalités les plus diverses. Des tas de provocateurs progressistes et subversifs qui aiment poser des questions et s’exprimer. Putain, comme c’est beau. C’est incroyable. J’adore ça. Je suis tellement heureuse et fière d’en faire partie. Les acteurs sont des gens étranges et de nature curieuse. Ils veulent vivre d’autres vies que la leur, même si c’est douloureux, juste pour le plaisir de raconter une histoire.

Pourquoi crois-tu que le fait d’avoir commencé enfant a tant compté pour toi ?
La racine de tout ça, comme j’ai déjà dit, c’est que j’aimais l’état dans lequel je voyais mes parents rentrer après une journée de boulot de seize heures.

Est-ce que tu ne m’as pas raconté un jour que tu aimais les sentir ?
Ouais. Si je tombe sur un sac à dos que j’avais sur un certain tournage et que je n’ai pas utilisé depuis, je retrouve l’odeur de l’endroit et l’odeur du plateau. Je peux littéralement sentir toutes les parcelles olfactives de cette expérience. Ma mère est scripte et trimballe ses scénarios dans une sorte de paquetage qui a toujours pué le travail manuel, le café renversé, et la fumée à cause des effets spéciaux comme la poussière d’une explosion. C’est ce qui m’a attiré au départ. C’est comme si tu avais marché des kilomètres et des kilomètres toute la journée. Où es-tu allée, qu’est-ce qui t’a fait te lever et partir. Je savais que c’était forcément intéressant. Je savais que si mes parents se levaient pour aller bosser seize heures, c’est que ça devait être cool et passionnant. Et puis j’ai senti ce que ça faisait de le découvrir et de le partager. Ça ne se trouve pas comme ça, c’est un sentiment qu’il faut aller chercher loin, et après tu peux le partager ; c’est un putain de boulot et c’est un acte de foi. Il faut se rendre disponible pour quelque chose qui ne va pas forcément se produire immédiatement. Et quand ça arrive, c’est le truc le plus excitant que je connaisse, et c’est à ça que je carbure. Je n’arrêterai jamais de chercher ça. J’aime cette quête. C’est ce que je préfère, chercher, trouver, creuser, creuser et creuser encore.

Ce qui est marrant, c’est que les gens qui travaillent avec toi ne te décrivent jamais comme quelqu’un de nerveux qui ne fait que se lever et s’asseoir. Mais la plupart des portraits de toi racontent ça.
Sur un plateau, il y a effectivement des moments où je vibre, et j’aime ce sentiment. C’est une sensation différente. Je suis à l’aise avec ce malaise.

Tu n’as pas travaillé pendant deux ans...
Oui, une éternité.

Sils Maria est ton premier film après cette longue pause ?
Non, il y a d’abord eu Camp X-Ray [de Peter Sattler, sortie prochainement].

Et avant Camp X-Ray*, tu avais fait quoi ?*
Breaking Dawn, Part 2 [dernier volet de la saga Twilight, la deuxième partie du chapitre 5, Révélation].

Pourquoi est-ce qu’il t’a fallu deux ans pour recommencer à tourner ?
Je regardais autour de moi. Il y a un ou deux projets qui devaient se faire, puis ils se sont arrêtés et n’ont jamais redémarré, et j’ai consacré beaucoup de temps à ces projets qui n’ont jamais vu le jour, ça arrive. Et après, et ça en dit long sur l’état dans lequel j’étais, il a fallu qu’il se produise une étincelle. Qui sait ce qui se passerait si je regardais maintenant le tas de scénarios que j’ai parcourus à cette période ? Je me demande si je ne découvrirais pas des trucs où je me dirais « comment j’ai pu laisser passer ça ? » Sérieusement, je pense qu’après ­Twilight et Blanche-Neige et le Chasseur, qui ont été des films tellement énormes, je n’ai pas voulu courir après le prochain blockbuster. Les gens qui ont connu deux énormes succès se disent que c’est leur truc désormais : faire des mégasuccès et surfer sur cette vague. Je suis descendue de cette vague géante et je me suis dit que j’allais me mettre un peu à l’abri. Que je reviendrais plus tard. C’était une bonne chose finalement. J’avais besoin de temps pour moi. De revenir à ma vie. De rester à la maison entourée de mon propre ­bordel, de jouer de la guitare et d’écrire.

BILL JOHNSON

Le crépuscule des idoles - « Je ne suis pas le genre d'actrice qui peut jouer sans miroir. Si je dois jouer avec quelqu'un qui ne me fait pas vibrer, c'est triste et je joue mal. » / photographe : Sebastian Kim

Ça a dû être un soulagement pour toi de retourner au boulot pour tourner Sils Maria dans un environnement bucolique, en Suisse et en ­Allemagne... loin de la clameur de la foule. Même si le film parle juste­ment de la clameur de la foule, ce qui le rend si moderne. Je voudrais revenir à une certaine scène : toi, Valentine, et Juliette Binoche/Maria Enders êtes à la montagne. Vous parlez en vous promenant, vous arrivez à un lac, vous y descendez. Il se produit alors quelque chose de tout à fait inattendu, n’est-ce pas ? Juliette se jette à l’eau, nue. Toi, Valentine, l’exemple même de la jeunesse prétendument parfaite, tu gardes modestement ta culotte.
En fait, je porte deux culottes.

Est-ce parce que toi Kristen, tu portes ton chapeau de puritaine américaine, et que tu ne tournerais pas une scène de nu « européenne », ou bien est-ce le rôle qui voulait ça ?
C’est encore un exemple de la Vie qui imite l’Art/l’Art imite la Vie. On n’en a pas vraiment parlé avec Olivier, il travaille un peu par orchestration. Une fois qu’ils nous avaient castés, on a eu une sorte de discussion préliminaire assez vague sur le film et il nous a donné nos dialogues seulement quand on a commencé le tournage. À chaque fois que je posais une question, il se faisait prier pour me répondre. Il disait : « Je crois que c’est vraiment comme tu le sens. » Je venais le voir avec une question importante. J’avais besoin d’une réponse. Et il me lâchait :« Fais comme tu veux », genre « c’est pour ça que je t’ai engagée ». Il n’était pas très à l’aise quand il nous a dit de nous jeter à l’eau. Il est comme ça. Il a commencé à filmer et il a juste dit : « Faites comme vous le sentez. Vous verrez bien en descendant vers le lac, allez-y, n’y allez pas, parlez, taisez-vous, tout me va. Faites ce que vous avez à faire. » Bien sûr qu’on allait se jeter à l’eau. Je savais en y allant que je ferais ce qu’elle ferait. Quand elle a commencé à se déshabiller, et moi aussi, je me suis dit : « Mon Dieu. Putain, je peux pas me foutre à poil devant elle. » Je me sentais mal à l’aise, en tant que Valentine. J’incarnais parfaitement cette sorte de malaise pudique tellement américain et elle respirait la liberté à 100 %. J’ai décidé d’assumer complètement et je me suis dit : « Et puis merde, je garde la culotte. »

L’atmosphère érotique est à couper au couteau.
Quand elle enlève ses habits, c’est un défi que Valentine ne peut pas relever. Quand tu travailles avec quelqu’un qui laisse une grande part à la liberté, à la fluidité et à l’improvisation, c’est tellement intéressant de jouer et de regarder : il n’y a que des surprises.

Eh bien, tu es toi-même pleine de surprises quand il s’agit de porter – ou de ne pas porter – des vêtements. Je vais saisir l’occasion pour parler un peu chiffon avec toi. Tu n’as cessé d’inventer tes propres règles pour te définir en tant qu’actrice à Hollywood. On ne peut pas dire que tu aies joué le jeu sur le tapis rouge. Quand tu t’es rapprochée d’une marque de mode, il fallait vraiment que ça ait un sens. Il y a quelques années, tu as été l’égérie du parfum Balenciaga, quand Nicolas Ghesquière en était le designer. Il y a un an, quand nous avons appris que tu allais incarner la collection Métiers d’Art de Chanel, je me souviens que j’étais assise derrière toi à Dallas, où avait lieu le défilé, et je me suis dit « c’est parfait ». Comment ça s’est passé ?
J’ai une relation avec la mode par défaut, parce qu’en tant que jeune actrice, il faut bien se plier à l’exercice du tapis rouge, et je fais ça depuis que je suis petite. Comme tu t’en souviens certainement, j’ai rencontré Nicolas Ghesquière sur une séance photo que je faisais pour vous à Montauk avec Bruce Weber. C’était la première fois que je voyais à l’œuvre l’inspiration qui entoure un artiste dont le travail n’a rien à voir avec le mien. Jusque-là, je n’avais vu cette inspiration que chez les réalisateurs ou les acteurs. Avec Nicolas, ça a été la totale. C’était : « Mon Dieu, je comprends tout. » J’avais trouvé ce qui me plaisait. Avant, ça me saoulait juste de devoir porter des talons pour faire plaisir aux gens qui voulaient qu’on parle de ces talons... Soudain, ça devenait : « C’est cool, arty, marrant et génial ! » Cet éveil au style a été très excitant. Et j’ai commencé à porter du Chanel très jeune. C’est tout à fait autre chose que porter de simples vêtements. Quand c’est excitant, ça te révèle des trésors cachés de ta personnalité que tu aurais continué à ignorer si tu n’avais pas enfilé ce vêtement.

Heureusement, il existe encore des maisons comme Chanel qui ne traite pas les célébrités comme un tas de viande, une publicité vivante qu’on envoie vendre à tout prix.
Oui, c’est atroce, je ne voudrais pas que ça m’arrive un jour. La différence est frappante. J’ai fait la connaissance de la famille qui possède Chanel, et Chanel est vraiment comme une famille. Je ne dis pas ça comme si j’étais leur attachée de presse. On pourrait s’attendre à ce qu’ils soient hautains et prétentieux, mais ils sont calmes et sans prétention. J’ai fait la connaissance de filles qui bossaient là-bas. Elles cherchaient quelqu’un qui puisse représenter cette collection des Métiers d’Art qui tournait autour de l’Amérique et elles m’ont dit : « Meuf, pourquoi pas toi ? »

Et tu as décroché le job et rencontré Karl Lagerfeld. Vous êtes tous les deux des bourreaux de travail. J’imagine que ça crée des liens.
Ce mec est incroyable. Quand tu dis Karl Lagerfeld, tu vois presque la silhouette avant l’homme. C’est comme une esquisse. Mais ce qui m’a vraiment choquée, c’est sa productivité. C’est une énorme mine d’informations. C’est dingue. Il m’a dit : « Les filles ici sont très excitées de travailler avec vous. » J’ai trouvé ça super mignon. Tout s’est passé de façon très naturelle, à l’ancienne. Et il m’a rendue cent fois plus cool en une seconde.

Donc c’est une nouvelle ère pour toi. En fait, le soleil s’est couché sur Twilight*. Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience maintenant que c’est loin derrière toi ? Et que les gens peuvent te voir autrement ?*
J’ai pu dire, quand j’étais en plein dedans, que ça ne durerait pas éternellement. Que ça allait se calmer. Mais je n’y croyais pas vraiment [rires]. Je croyais que ça durerait toujours. Maintenant, ça me paraît très loin. Ça ne fait que deux ou trois ans et en réalité, je suis tout en bas de cet immense escalier. C’est à peine si je suis entrée dans le bâtiment.

Copyright © 2014 by Ingrid Sischy, avec la permission de The Wylie Agency LLC.

Article paru dans le numéro 15 de Vanity Fair France (septembre 2014).

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