Pas là pour les statuettes

Adam Driver nest pas là pour les statuettes
Vera Anderson

Adam Driver, l’interprète du truculent Adam dans la série HBO « Girls » (écrite par et pour Lena Dunham) définit son personnage comme étant « tour à tour poète, rhinocéros et homme de Néandertal ». Une description vitriolée que les lecteurs du New York Times ont pu lire cette semaine dans le portrait consacré à Driver, la nouvelle gueule du cinéma américain qui enchaîne désormais contrats publicitaires et shootings photo en Irlande pour les besoins du magazine Vogue. Comment diable l’acteur, encore inconnu au bataillon il y a deux ans, appréhende son succès tout frais ?

Nul doute que nous autres, pauvres mortels, aurions eu les chevilles boudinées à la simple idée de gagner un prestigieux Emmy Award. Pas Adam Driver, pour qui tout le tsouin-tsouin autour des statuettes dorées est devenu ringard : « À la cérémonie des Emmy Awards, tout le monde vient vous voir pour vous dire : “est-ce que tu n’es pas en train de prendre ton pied ?”, mais mon but n’a jamais été de posséder un Emmy ».
Jolies paroles ou pragmatisme sincère ? Ses jeunes années chez les Marines – il y est entré au lendemain du 11 septembre et en est sorti après une vilaine fracture du sternum – semblent avoir eu raison de sa vanité : « Je veux juste être impliqué dans des choses bien écrites, qui ont du sens. Ce que j’ai appris à l’armée, c’est que je n’étais pas immortel. Chaque minute compte ».
Un état d’esprit qui justifie peut-être que l’acteur ait une existence plus paisible que celle du héros de « Girls » : en juin dernier, il a d’ailleurs épousé sa petite amie de longue date.
Hier, Joseph Gordon Lewitt déclarait justement à propos de son prochain film, Don Jon : « L’amour véritable n’est pas un trophée étincelant que l’on peut posséder ».

La morale d’Hollywood c’est qu’entre la vertu et un bon refrain d’Enrique Iglesias, la frontière est parfois ténue.