Jennifer Aniston : " Je sais que mon temps devant la caméra est limité "

Fiançailles, mariage annoncé, grossesse supposée... L'actrice de Friends fait souvent la une des magazines people. Rencontre avec Jennifer Aniston, une actrice zen qui pense déjà à sa reconversion.
Jennifer Aniston
Getty

Elle arrive à l’interview, bronzée, dans une mini-robe violette qui expose ses jambes parfaites. L’ancienne actrice de Friends est là pour promouvoir son dernier film Life of Crime, un polar dans lequel elle joue une épouse kidnappée. Adaptée du livre d’Elmore Leonard, The Switch (La joyeuse kidnappée en français), elle interprète Mickey Dawson, une « socialite » de Detroit mariée à Frank (joué par un Tim Robbins blond), un agent immobilier riche mais corrompu. Bien que le couple, membre du country club local, vive dans une jolie maison de banlieue avec leur fils ado, Mickey se sent seule et négligée par son mari, prisonnière de son mariage et sans espoir d‘y échapper. Pendant l'absence de son mari et de son fils, deux kidnappeurs pénètrent dans leur domicile et conduisent Mickey dans une maison où ils la retiennent en attendant la rançon. Mais obtenir un million de dollars de la part de Frank s’avère compliqué ; il est aux Bahamas avec sa maîtresse (Isla Fisher) après avoir envoyé les papiers du divorce par la poste. Un des kidnappeurs se sent pris de compassion envers Mickey et les deux deviennent amis. Parce que Mickey n’a plus besoin de faire semblant, une nouvelle personne, plus forte et résolue, fait surface. Le polar est réalisé et adapté pour le cinéma par Daniel Schechter, réalisateur de Goodbye Baby et Supporting characters. Jennifer Aniston, 45 ans, est aussi productrice exécutive. Fiancée à Justin Theroux, la blonde aux yeux bleus porte à la main gauche, une bague de fiançailles sertie d‘un diamant aveuglant. Les rumeurs grondent que leur mariage est imminent mais l’actrice reste muette. En revanche, elle est plus que ravie de parler de son nouveau film et de son rôle de femme au foyer malheureuse.

Le film se passe dans les années 70. Y a-t-il quelque chose de cette décennie que vous aimeriez avoir avec vous aujourd’hui ?

Non, je trouve que la mode de cette époque était difficile à porter. C’est amusant sur le moment de porter des vêtements en polyester et des foulards autour du cou. Ce que j’ai préféré, c’était ces énormes lunettes de soleil.

Vous les avez gardées ?

Non. Mais ma mère avait les mêmes. D’ailleurs, je ressemblais à ma mère. J’ai ressorti plein de vieilles photos pour tenter de reproduire le look génial de Nancy Aniston pendant les 70s.

Cette histoire a dû vraiment vous plaire pour avoir envie de la produire.

C’est à cause du réalisateur, Daniel Schetchter ! Il m’a vraiment impressionné dès notre premier rendez-vous. J’étais tellement excitée parce que j’ai toujours aimé les livres d’Elmore Leonard mais je n’avais pas lu The Switch. J’ai découvert l’histoire qui est vraiment drôle. Ses personnages sont intéressants et même si les bad guys ne sont pas toujours les plus intelligents, ils arrivent à s’en sortir… Ils sont charmants et attachants. J’ai aussi pensé que l'évolution de mon personnage, Mickey était intéressante. Bref, tout était excitant pour moi. Et quand j'ai su que j’allais travailler avec John Hawkes (The Sessions, Winter's Bone) et toute cette équipe, je n'ai pas hésité longtemps.

La production, c’est aussi une façon de lancer votre carrière dans une nouvelle direction, pas forcément devant la caméra.

J’ai toujours été intéressée par la production. Je sais que mon temps devant la caméra est limité. L’âge joue un rôle important à Hollywood, il y a toujours très peu de rôles à Hollywood pour les femmes plus âgées et de toute façon, c’est Meryl Streep qui les récupère tous !

On vous malmène un peu dans le film. Comment vous êtes-vous préparée pour ces scènes physiques ?

Je ne me suis pas préparée, je les ai laissés me faire mal. C’est la meilleure façon pour que ça sonne vrai.

Quand votre personnage est kidnappé, on vous met un masque de ski sur le visage. Ce n’était pas trop déplaisant?

En fait, c’était génial même si la sensation est assez bizarre au début. Et puis, c’est compliqué de faire passer des émotions quand votre visage est caché mais j’ai trouvé ça amusant. On a beaucoup travaillé sur ce masque. Il était doublé de soie pour ne pas donner de boutons à cette vieille peau.

En plus, pas besoin de vous soucier des cheveux et du maquillage pendant ces journées de tournage

Pas besoin de mascara, en effet.

Vous arrive-t-il de ne pas porter de maquillage ?

Bien sûr. Mais il y a des moments de la journée, où je ne veux pas être vue sans maquillage. Je n’irais jamais sur le tapis rouge sans make up. Mais je n’ai pas besoin de faire la totale quand je suis à la maison pour être jolie pour mon fiancée.

En parlant de votre fiancé, Justin Theroux, selon de nombreux journaux, vous avez déjà dû vous marier au moins une dizaine de fois….

Je sais. Avant, j’étais enceinte toutes les deux semaines. Et aujourd’hui, je me marie tous les jours. C’est dingue mais je n’y fais plus attention. Ça arrivera quand ça arrivera.

Comment faites-vous avec votre fiancé pour vos emplois du temps ? Vous êtes tous les deux très occupés, ça crée des problèmes parfois ?

C’est parfois un problème de se trouver dans la même ville. Mais tout est une question de planning. Je me suis améliorée avec le temps. On essaie de prendre du temps pour l’un et l’autre. Et ça marche plutôt bien, je n’ai pas à me plaindre.

Revenons au film. John Hawkes et vous avez une certaine alchimie à l’écran. Vous avez remarqué ça quand vous l’avez rencontré pour la première fois ?

Tout ça est naturel. On ne peut pas la créer ou la forcer. On a eu ce déclic quand on s’est rencontré. Nous sommes tous les deux des acteurs investis. L’alchimie, c’est…chimique. Je ne connais pas la recette.

John Hawkes et vous avez déjà travaillé ensemble. Ça aide ?

Quand vous êtes face à un très bon acteur, vous êtes forcément meilleur.

Même si vous êtes kidnappée, vous semblez contrôler les situations mieux que les hommes.

Au début, mon personnage, Mickey vit dans un monde pétrifié ; elle est refoulée et maltraitée émotionnellement par son mari. Elle ne sait pas comment se sortir de cette prison. Bizarrement, c’est ce kidnapping qui la libère. Alors que l’histoire progresse et que sa situation devient désespérée, elle trouve cette force que les femmes ont en elles quand elles sont face à des circonstances inimaginables.

C’était comment de travailler avec Tim Robbins et de se faire maltraiter par lui ?

J'ai adoré! Son personnage est un véritable abruti. Mais lui, c’est un vrai nounours. C’est un homme adorable et je le connais depuis très longtemps alors c’était amusant qu’il me bouscule un peu.

Il y a une scène émouvante où votre fils (joué par Charlie Tahan) vous demande ce qui ne va pas.

Mickey sait à quel point la situation est difficile avec Frank et elle entend son fils se rebeller contre son mari. Son premier instinct est d’être l’épouse parfaite, la femme parfaite. C’est un échange magnifique entre eux. Il fallait jouer avec le regard. Je sais que tu es malheureux et tu sais que je suis malheureuse. Il se rend bien compte que son père traite mal sa mère. Mais elle ne sait pas à ce moment là comment lui dire. C’est une scène merveilleuse à jouer, c’est magnifiquement écrit.

Qu’avez-vous appris de vos co stars ?

Isla Fisher et moi sommes amies depuis longtemps. Nous nous sommes beaucoup amusées et nous étions ravies de travailler ensemble. C’était assez évident dès le début des répétitions. Vous êtes toujours surpris par les gens avec qui vous travaillez. J’adore particulièrement la curiosité de Tim (Robbins) et de John (Hawkes).

Dans quelle mesure ce rôle est différent des autres ?

C’est différent d’une comédie. Cette fois, il était important d’étudier les personnages pour tenter de comprendre leur histoire.

Quel est le moment qui fait basculer Mickey selon vous?

Il y a en a plusieurs. La scène où elle confronte son mari. Il y a cette scène où je demande à John s’il va me tuer. C’est difficile d’exprimer ce niveau de peur et d’hystérie, c’est tellement loin de ce que j’ai déjà vécu.

Vous avez réalisé un court-métrage qui explorait l’impact du cancer du sein sur la vie des gens.

Oui, il y a deux ans. Il s'intitulait Project Five et Patricia Clarkson jouait dedans. Parler de la prévention du cancer du sein est quelque chose de très important pour moi.

Ça ne vous dérange pas d’utiliser votre célébrité pour ce genre de cause ?

Vous plaisantez ? C’est merveilleux. Si mon nom peut aider certaines causes, tant mieux. Je les encourage à utiliser mon nom si ça peut attirer plus d’attention et d’argent.

Y a- t- il des choses que vous n’avez pas faites et que vous aimeriez faire ?

Réaliser un film. C’est le gros projet auquel je veux m’atteler. J’ai adoré tourner ce court-métrage. J’attends l’opportunité et le scénario idéal.

Y a- t -il un genre de film qui vous irait particulièrement ?

Ce qui m’intéresse, c’est l’expérience humaine, les gens, leur comportement…Si je devais réaliser un film, ce serait autour de ça.

Erwin van Steede / The Interview People

Life of crime, prochainement.