Un Emmy Award pour Lizzy Caplan cette année ?

Un scandale s’apprête peut-être à être réparé lors des Emmys qui auront lieu lundi 25 août : injustement oubliée l’année dernière, Lizzy Caplan a enfin décroché une nomination de meilleure actrice pour son rôle dans Masters of Sex. Si l’actrice a enfin conquis les membres de l’Académie, Vanity Fair mise beaucoup sur cette ravissante brunette.
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VISUAL Press Agency

Gagnera-t-elle la petite statuette ? L’affaire n’est pas dans le sac car Lizzy Caplan trouve face à elle Claire Danes (Homeland), Michelle Dockery (Downton Abbey), Julianna Margulies (The Good Wife), Kerry Washington (Scandal) et Robin Wright (House of Cards). Mais au moins l’affront est (partiellement) levé, quand on sait que Lizzy Caplan est la plus belle chose qui soit arrivée aux séries en général et à Masters of Sex en particulier ces deux dernières années.

Vous ne la connaissez pas ? Alors c’est votre semaine de chance : Masters of Sex vient d’être renouvelée pour une saison 3, il ne vous reste plus qu’à vous dépêcher de rattraper votre retard pour découvrir son visage de chat et ses élégants sourcils d’héroïne de film noir des années 40 dans cette série inégale mais passionnante, au cordeau avec The Americans pour le titre du show le plus bourré de charme apparu récemment.
« L’oubli » aux Emmys, alors que son partenaire masculin était nommé dès l’année dernière, semble d’une douce ironie quand on sait que cette série sur un médecin et son assistante se lançant dans l’étude des comportements sexuels dans l’Amérique des années 50 est aussi, forcément, une histoire du féminisme en germe dans la société américaine. Un féminisme qui s’ignore encore mais qui a décidé de ne plus taire ses aspirations, qu’elle soient professionnelles, personnelles ou charnelles. Dans le rôle de l’assistante/associée/muse/poil à gratter du soucieux et rigide Docteur Masters, c’est exactement cela qu’incarne Lizzy Caplan dans Masters of Sex. Il faut dire que leur duo est merveilleusement désassorti : elle est aussi spontanée qu’il est pète-sec ; elle élève seule deux enfants alors que lui est marié à une Grace Kelly au foyer ; expérimentée sexuellement, ambitieuse, volontaire, elle est déjà une femme des années 60 alors qu’il est encore un homme de l’ancien temps.

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Evidemment, on ne spoile pas tant que ça en insinuant que les deux collègues vont finir par maquiller leur attirance réciproque en objet d’étude scientifique. Lizzy Caplan semble se délecter de cette ambiguïté permanente qui se joue entre eux, toujours prise entre plusieurs niveaux de lecture, plusieurs couches d’enjeux de pouvoir : son personnage ne cesse d’osciller entre son intérêt réel pour leur étude, son attirance pour son partenaire, son envie de réussir et son dégoût d’une vulgaire relation adultère patron/employée. C’est peu de dire que Lizzy Caplan excelle dans l’ambivalence des dialogues à triple fond dont Masters of Sex a fait sa spécialité : dans sa bouche, les statistiques scientifiques les plus cliniques peuvent avoir des allures de déclaration d’amour murmurée.

Et dire que cette fille à la beauté singulière et à l’ironie constante au fond des yeux se destinait exclusivement à la comédie, avouant même avoir été étonnée d’être engagée pour une série « sérieuse ». Après avoir fait ses armes à 17 ans dans quelques épisodes de la série devenue culte Freaks and Geeks produite par Judd Apatow, c’est dans Mean Girls, brillant teen movie girly écrit par Tina Fey en 2004, qu’Elizabeth Anne « Lizzy » Caplan a l’occasion de montrer l’étendue de son talent burlesque : en rebelle du lycée un peu goth sur les bords, cheveux gras et mots vaches constamment à la bouche pour cacher un cœur gros comme ça, elle faisait des merveilles. Ensuite, alors que ses consœurs de Mean Girls (Lindsay Lohan, Rachel McAdams ou Amanda Seyfried) s’envolaient progressivement vers la gloire avec des fortunes diverses, Miss Caplan semblait rester un peu sur le carreau, continuant à travailler régulièrement (le film Cloverfield, la série Party Down) mais sans jamais vraiment faire frétiller les radars d’Hollywood.

On sent bien qu’elle n’a plus aucun doute désormais, lorsqu’on la voit s’avancer dans les couloirs de l’hôpital de Masters of Sex, enserrée dans ses tailleurs fifties, ôtant ses gants avec grâce, sans y penser, avant d’envoyer une réplique toujours au bord de l’irrévérence à son patron/mentor/amant. Mais Lizzy Caplan n’a pas pour autant laissé au placard ses penchants comiques. L’année dernière tournait sur le net une vidéo hilarante où elle parodie la bobo de Silverlake (équivalent de la rue de Bretagne à Los Angeles), couronne de fleurs dans les cheveux, s’essayant à la guitare et aux collages new age, filmée façon Sofia Coppola. Très récemment, invitée au late show de Conan O’Brien, elle a conquis tout le monde en racontant de façon irrésistible le tournage de sa première scène de sexe pour Masters of Sex. Résumons : une élégance naturelle venue de l’âge classique hollywoodien, alliée à un timing comique redoutablement moderne. Si l’on ajoute qu’elle a été longtemps la girlfriend du génie burlesque Matthew « Chandler » Perry de Friends, on frôle presque la perfection, non ? On espère que les votants des Emmys auront cette clairvoyance. Nous, notre choix est fait. Comme on dit là-bas : « She’s our girl ! »

Clélia Cohen

« Behind the scenes » avec Lizzy Caplan, saison 1 de Masters of Sex :

Masters of sex, saison 2, actuellement sur OCS City.